Couture

Comment changer des passants déchirés, d’un bustier en stretch® ou élasthanne ?

Bonjour,

1. La matière du vêtement, avantages et inconvénients

L’élasthanne ou le Stretch® (qui est son petit nom déposé, donc une marque, j’utiliserai donc élasthanne dans cette article) est un tissu aux fibres élastiques du coup fort extensible et qui s’effiloche très facilement. Pour sa petite histoire, il appartient à la famille des « fibres manufacturées » qui est fabriqué de toute pièce, il ne pousse pas dans la nature comme cela, mais des produits naturels peuvent entrer dans leur composition, par contre pas dans le cas de l’élasthanne, c’est un polymère synthétique et plus précisément un élastomère se qui veut dire qu’il est élastique et se déforme.

Qu’est ce qu’un Polymère ?

« Les polymères constituent une classe de matériaux. Les polymères les plus connus sont : les fibres naturelles (fibres végétales (cellulose) : bois, papier, textiles naturels (chanvre, lin, coton), etc., fibres animales : cuir (collagène), soie et laine (kératine), etc. ; protéines), les matières plastiques, les caoutchoucs naturels (latex) et artificiels, les colles, les peintures, les résines. » (merci wikipédia, source)

On trouve des polymères partout en faite.

Revenons à nos moutons. La technologie des vêtements et du textile est très vaste et assez complexe. Donc la fibre de notre textile est élasthanne et tissé en point de maille, c’est un tricot trame, puisqu’il s’effile. C’est se qu’on appel un Jersey.

Structure de base du tricot trame jersey simple

Il faut bien se rendre compte de cet état du tissu pour pouvoir effectuer la retouche. En effet car découdre le bord du bustier, retirer les passants, les changer et recoudre, et impossible. Pourquoi ? Le tissu est un élasthanne, du coup effilochage et de plus une maille (un tricot, la moindre maille qui saute, et c’est tout le vêtement qui fait le grand saut). Comme c’est un vêtement issu du prêt à porter, les valeurs de couture n’existent pas, elles sont cousues directement au bord du tissu au point de surjet. Et tout cousu ensemble, d’une pierre deux coups, le tissu de dessus, les passants et la doublure. Pourquoi faire 3 manipulations alors que l’on peut n’en faire qu’une seule ? Et bien pour la qualité du vêtement par exemple 😉 (Non, ce n’est pas mon coté maniaco dépressif qui parle), j’aime le travail bien fait et soigné.

L’étape de la reconnaissance de l’étoffe, les avantages et les inconvénients étant fait on peut passer à l’étape 2 « la technique »

2. La technique de retouche

Je décide de remplacer tout les passants d’origine (en élasthanne également) par un cordon appelé queue-de-rat. C’est une fourniture vendu en rouleau, en mercerie ou en bijouterie fantaisie. On peut également fabriquer soit même sa queue-de-rat, lors d’une confection de vêtements. Pour une retouche il est préférable de l’acheter, je la choisi de la même couleur que les passants d’origine, noire. Je choisi également de créer un passant de style brandebourg, avec une finition parfaite (En couture, en broderie, tout travail doit être aussi beau à l’envers qu’à l’endroit. C’est une devise), vous allez comprendre. Ils seront appliqués sur l’envers du bustier, par une piqure à 5mm, exactement sur la piqûre déjà existante, et une piqure nervure (à 1mm du bord) pour « sécuriser » au moment de la tension ainsi que pour l’esthétisme.

 

Deux brandebourgs à nœuds

Un brandebourg de duffle-coat par exemple

 

Dessin du passant style brandebourg que je souhaite réaliser

Comme je ne peux pas découdre le vêtement, trop risqué, je vais couper les passants au ras du bord pour éviter tout effilochage.

3. Le travail de retouche

 

a. Mesure et coupe des nouveaux passants

Les passants originaux mesurent 30 mm, jusqu’à la piqure de maintient à 5mm.

Pour ma part les passants doivent avoir un retour de 10mm pour le style brandebourg. Et tout cela à double (A Dble). En couture on compte toujours en millimètres et à double, c’est-à-dire « par pliage », par symétrie.

30 mm de lien + 10 mm de retour « brandebourg » = 40mm à double, soit 80mm (8cm) pour un passant.

Dessin technique mesure du lien

J’en coupe 10 morceaux dans la queue-de-rat.

b. Coupe des « anciens » passants

Je coupe les passants sur bustier, et là que vois-je ? Aux niveaux de chacun, le bustier n’est même pas cousu, ils sont en réalité maintenus par leurs extrémités directement dans la piqure à 5mm du bord, pas étonnant qu’ils s’effilent et ne tiennent plus. Il ne faut pas oublier qu’une tension est exercée. Je ne sais à vrai dire même pas comment ils ont pu faire leur compte, coudre le bord du bustier sans coudre au niveau des passants (aaah ils sont vraiment fort ces Chinois ! 🙂 Sourire).

Dessin technique passant original

 

Dessin technique normalement réalisé

 

Je complète la couture à la main avec un point invisible.

c. Réalisation des liens style « brandebourg »

Je forme les 10 nouveaux passants, d’inspiration brandebourg. En repliant 10mm à chaque extrémité. Je choisi de faire ce genre de système pour avoir une meilleur accroche au niveau de la piqure. Je maintiens le tout à l’aide d’une épingle puis je les couds à la main. J’utilise un point avant. Et je surfile à la main également pour être sure que la queue-de-rat ne s’effiloche pas.

Dessin couture de mon lien

 

Le zigzag représente le fil de couture qui maintient le lien en forme et les cercles rouges représentent le surfilage des extrémités

 

 

d.Prise des ponts de repères de positions

Il y a 5 passants de chaque cotés du bustier. Sur l’envers o-o , je positionne 1 point de repère à la craie tailleur à 5mm de chaque bord (qui représente 2 passants). Je partage en 2, la longueur entre les 2 premiers repères, à la moitié, j’en place un 3ème, puis je partage en 2 les distances de chaque coté de ce 3ème point de repère. Je fais la même chose de l’autre coté du bustier. Voilas, c’est simple !

Dessin marquage des repères passants

e. L’assemblage des nouveaux passants au bustier

Direction la machine à coudre, vous pouvez au préalable bâtir les passants ou les coudre directement. Il faut savoir qu’un(e) bon(ne) couturier(e) ne pique pas à la machine avec des épingles sur le tissu. Je règle ma machine, en vérifiant la tension du point, sa longueur etc… Sur l’envers, je pique à 5mm du bord, sans oublier les points d’arrêt au début et à la fin de ma couture. Au fur est à mesure que je couds, je positionne mes brandebourgs sous le pied presseur. Pour que les passants soient bien maintenus, je fais « un point d’arrêt » à chacun d’eux. C’est-à-dire que je couds une première fois, je repasse dessus en marche arrière, et continu ma couture en marche avant. 3 passages au total sur chaque « brandebourgs ».

Pour finaliser l’accroche, je fais une piqure nervure. Je nettoie les coutures en coupant les fils qui dépassent. Dernière vérification de mon travail. Et voila, c’est tout beau, presque neuf.

Il ne faut pas oublier qu’après chaque étape, je vérifie soigneusement mon travail. Une erreur détectée le plus tôt possible et plus facilement corrigée.

(Vous pouvez recevoir gratuitement mon livre « Dico’ture » où j’ai regroupé tout les termes techniques de la couture.)


Autre technique:

Si le bustier à retoucher avait été d’une autre matière, non élastique, un coton par exemple. J’aurai procédé comme suit :

a) découdre la piqure qui maintient les passants,

b) ôter les passants,

c) placer les nouveaux, entre le tissus du dessus et la doublure,

d) piquer sur l’endroit -o- à 5mm et piqure nervure pour finir.

Dessin technique

Marie-Pierre MOCELLIN